Interview avec 3 Vallées : la PME s’approprie l’ISO 22000 pour répondre à ses objectifs d’amélioration continue

​​3 Vallées, société d’élaboration, de commercialisation et livraison d’ovoproduits a obtenu sa première certification ISO 22000 il y a quelques mois, en janvier 2013. La PME de 90 personnes, basée au nord de la Mayenne, considère la certification comme une démarche d’amélioration continue, et s’est appropriée la norme pour répondre à son objectif principal : progresser. Aujourd’hui, forte de cette expérience, 3 Vallées prépare son premier audit FSSC 22000, qui aura lieu en novembre cette année.

Pouvez-vous présenter votre entreprise  en quelques mots ?

Marjorie PEINTRE, Responsable Qualité : Nous sommes une casserie, pour utiliser le vocabulaire de la profession, c’est-à-dire que nous élaborons des produits à partir d'oeufs coquille  que nous cassons, nous les commercialisons et nous livrons également nos clients, à hauteur d’environ 80%. Nos clients sont principalement, et à parts presque égales, les boulangeries et pâtisseries industrielles, les fabricants d’entremets, de plats cuisinés et les traiteurs.


Notre entreprise se trouve au Nord de la Mayenne (53), dans la région Pays de la Loire. Nous faisons partie du pôle animal du groupe SofiProtéol. Deux entités sont dédiées à l’œuf, la partie amont, qui regroupe les éleveurs, et la partie avale, en lien avec la transformation des œufs, c’est-à-dire la commercialisation des œufs en coquilles, dont la marque Matines qui est connue des consommateurs, les produits à base d'oeufs destinés à la Restauration Hors Domicile et la partie industrielle, à laquelle nous appartenons. 3 Vallées est une PME de 90 personnes et nous sommes l’une des cinq premières entreprises en France dans le domaine des ovoproduits.


Vous avez été certifiés ISO 9002 et aujourd’hui vous êtes certifiés ISO 22000. Quelles sont les étapes qui vous ont mené vers l’ISO 22000 ?

Marjorie PEINTRE : Nous étions certifiés ISO 9002. Nous ne nous retrouvions pas forcément dans cette norme, nous souhaitions mettre en place un processus d’amélioration continue, plutôt que de la mise en conformité. Nous avions retrouvé cet aspect au travers de la qualification « Nourrir la vie » qui est interne à notre groupe, et qui englobe plus de points que la norme : l’engagement social, local et environnemental par exemple. C’était une opportunité pour nous de mettre en place des axes d’amélioration.


Depuis 2010, nos clients nous demandaient de plus en plus souvent si nous étions certifiés. En parallèle, la même année, j’ai mené une étude concurrentielle, non pas selon une approche marketing, mais selon une approche qualité.  J’ai ainsi noté que beaucoup de nos concurrents étaient certifiés IFS, BRC, mais peu étaient certifiés ISO 22000.Ce sont ces deux éléments, les remontées de nos clients, et l’approche de nos concurrents en termes de qualité que j’ai fait remonter à la Direction du site et du groupe ; convaincue de l'intérêt d'une certification, la direction du groupe a alors demandé à 3 Vallées quelle certification serait la plus adaptée à notre façon de fonctionner. Nous avons sans hésiter choisi l'ISO 22000.

A partir de janvier 2011, nous avons travaillé avec la Direction pour redynamiser nos méthodes. Il était important pour nous de trouver un référentiel qui nous corresponde, et qui soit vérifié par un tiers. Nos motivations découlent d’un besoin en interne, mais aussi en externe, au regard de nos clients.


Pour quelles raisons avez-vous choisi l’ISO 22000, alors que pourtant, vous aviez noté que vos concurrents avaient préféré d’autres référentiels ?

Marjorie PEINTRE : Nous avons choisi l’ISO 22000 pour l’amélioration continue dans un environnement « sécurité des denrées alimentaires ». La norme est différente du BRC et de l’IFS, plus fermés. Nous avions besoin de coller nos méthodes à un référentiel. Les trois points les plus importants étaient de répondre aux attentes de nos clients, redynamiser, et faire valider nos méthodes de Sécurité Alimentaire. Il faut prendre en compte que l’œuf est un produit qui fait toujours un peu peur, il y a des connotations de risques importants, comme la Salmonelle. Nous avions donc besoin de rassurer avec l’approbation d’un tiers.

Nous savons que nous serons probablement obligés d’aller vers le référentiel BRC ; pour l’exportation, la certification ISO 22000 seule ne suffira pas. L’ISO 22000 est, pour nous, le premier pas. Si nous avions commencé par un autre référentiel, nous serions allés contre-nature, en quelque sorte. Nous aurions moins bien vécu la préparation à l’audit, et le post-audit.


Comment avez-vous choisi votre organisme de certification actuel ?

Marjorie PEINTRE : Pour trouver un organisme de certification, nous avons demandé conseil, et fait quelques démarches. Exaris (partenaire de DNV Business Assurance, Ndlr.) a pratiqué un audit d’étape, et nous a conseillé DNV, organisme qui, selon eux, au regard de notre envie de progresser, nous correspondait le mieux. Mme CALTON (Responsable Grands Comptes, Ndlr.) a pris le temps de venir nous rencontrer, et cette rencontre a été un bon point : cela nous a permis de démystifier l’organisme certificateur. DNV a une façon de penser qui nous convient bien.


Comment avez-vous vécu la préparation à l’audit ?

Marjorie PEINTRE : Au départ, nous avions quelques craintes : la Direction avait donné son accord pour que nous passions la certification, et par conséquent, un délai à respecter.  Nous avions aussi une certaine crainte en ce qui concerne l’interprétation de la norme. Nous ne savions pas si notre approche convenait, mais notre premier objectif était de sécuriser le produit et de travailler avec bon sens.


Comment s’est déroulé votre audit ?

Marjorie PEINTRE : Nous voulions donner énormément d’informations et de preuves, mais il est nécessaire de donner les bons éléments pour ne pas perdre de temps ; c’est important pour aller plus vite et s’améliorer. Notre site est jeune, pour l’ISO 22000, mais l’auditrice, Mme. LAZZARELLI, a bien perçu nos points de jeunesse. Elle s’est mise à notre niveau pour nous tirer vers le haut, notamment grâce aux mots qu’elle a utilisés et la clarté de ses explications.


Nous ne pouvons pas avancer à la même vitesse sur tous les points –certains ne concernent qu’une personne, d’autres plusieurs-, mais notre objectif est de toujours progresser. L’audit nous a donné la possibilité de mettre en évidence nos erreurs, et où cela allait bien. Au bout d’un moment, on ne voit plus ses forces ; l’audit nous a permis de les mettre en lumière, ce qui nous sert aussi auprès de nos clients. 


De plus, se baser sur des faits, chiffrés si possible, est un point clé de l'ISO 22000 qui a pris toute sa dimension pendant l'audit, d'autant que c'est valable pour tous les compartiments de l'entreprise.

Aujourd’hui, nous voyons l’audit comme un outil d’amélioration, et le certificat comme la cerise sur le gâteau.


Vous préparez un audit FSSC 22000 qui aura lieu en novembre cette année. Pour quelles raisons vous êtes-vous tournés vers ce référentiel ?

Marjorie PEINTRE : C’est un réel besoin pour nous de travailler sur les bonnes pratiques, et cela nous permet aujourd’hui de répondre aux attentes de nos clients. Le GFSI (Global Food Safety Initiative, Ndlr.) soutient le FSSC, et il est important pour nous que notre certification ait un réel poids pour nos clients. Nous avons beaucoup travaillé sur le HACCP (Hazard Analysis & Critial Control Points, Ndlr.), mais nous n’étions pas dans la même démarche sur les bonnes pratiques. Il y a certaines choses qui ne doivent être mises en application que lorsque l’entreprise a bien mûri. Aujourd’hui nous en sommes à la certification et aux axes d’amélioration grâce aux audits.


Le FSSC représente pour nous un aboutissement final de la maîtrise de la Sécurité Alimentaire. Lors de l’audit, nous avions demandé à Mme. LAZZARELLI d’utiliser le FSSC comme fil rouge et nous avons ressenti que le FSSC allait nous aider à améliorer toutes les bonnes pratiques de l’entreprise. C’est un vrai projet d’entreprise.


Que conseilleriez-vous aux entreprises qui hésiteraient encore à entreprendre ce type de démarches ?

Marjorie PEINTRE : Il faut que la Direction prenne le poids de la mesure lorsqu’elle prend cette décision. Un certificat ne sert pas seulement à être affiché. C’est peut-être un peu scolaire, mais le point de départ reste la Direction. L’entreprise doit avancer pas à pas, et de façon solide, plutôt que de ne pas faire tout le travail intermédiaire, pour durer dans le temps –sinon, cela est voué à l’échec. Au quotidien, le certificat est vite oublié, ce qui compte est de prendre des décisions en se basant sur le bon sens mais aussi sur des faits. La démarche est un outil de progrès, l’audit permet d’être confronté à un expert, un professionnel.


Il faut faire le choix de la certification qui correspond à notre ADN, à notre pouls –sauf, bien sûr lorsqu’elle est imposée par les clients-, et aussi faire le choix du bon organisme certificateur. Je conseillerais de ne pas hésiter à rencontrer les organismes.


Comment décririez-vous vos relations avec DNV ?

Marjorie PEINTRE : Aujourd’hui, Mme. CALTON et Mme. LAZZARELLI sont pour nous professionnelles, et ne représentent pas seulement un tampon sur un papier. Avec DNV, le relationnel reste simple et très professionnel. C’est clair et argumenté : on part des faits. Les auditeurs sont des personnes qui ont une maturité de la norme et son application en entreprise. Ils gardent les pieds sur terre. Nous avons choisi l’organisme de certification qui nous convenait bien : l’approche de DNV est professionnelle, pertinente, ce qui fait que l’on ne peut qu’avancer ensemble.

 

Aujourd’hui, nous voyons l’audit comme un outil d’amélioration, et le certificat comme la cerise sur le gâteau.

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